Eternel Printemps

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mercredi, septembre 17 2014

A l'heure où la pluie d'été vient...

L'herbe sèche soupire enfin, et les arbres sont secoués par l'orage et la pluie.
Le paysage prend de la saveur, il gronde, il gonfle les feuillages.
Tout s'agite, les arbres sont étirés par le vent.
Les oiseaux se sont cachés dans les branches obliques

Quelle force !

Vite

débranchons



vendredi, janvier 3 2014

Bonne année 2014**

Dans le train j'ai déballé un de mes cadeaux.

J'ai reçu un carnet pense-bête avec un crayon. Je me suis laissée aller à l'inspiration, pendant que le paysage défilait derrière la vitre.

**Bonne année 2014 !**

mercredi, octobre 16 2013

Gandhi

Voici mon premier portrait en noir et blanc au crayon d'après une photo.

J'ai choisi Gandhi. Même si je ne connais pas toute sa biographie, je sais que c'est un grand homme, qui a fait beaucoup de choses pour la paix.

J'aime bien certaines de ses phrases : "Commencez par changer en vous ce que vous voulez changer autour de vous."

Cette idée de dessin m'est venue suite à un très bon week end passé à Bayonne, pour le festival Alternatiba.

Lors de ce festival, j'ai pu voir des hommes et des femmes plein d'espoir pour que les choses changent. Il y avait des associations, des conférences sur le climat, et le changement de société.

Leur slogan était "changeons le système, pas le climat". Il y avait beaucoup d'enthousiasme lors de cette fête.

Peut-être que si chacun commence à faire un peu de changement, les choses s'amélioreront.

Ma plus belle rencontre a été de voir une conférence de Patrick et Brigitte Baronnet. Ce couple a créé une maison autonome il y a une trentaine d'années. Ils ont cité lors de la conférence, une phrase de Gandhi. "Nous sommes le changement que nous voulons voir dans le monde".

Voici un article qui parle d'eux : lire l'article Selon eux, "être autonome, c'est choisir ses dépendances". Ils ont choisi par exemple, de se passer d'électricité EDF pour la remplacer par des panneaux solaires et des éoliennes.

Voici un autre article sur la journée au festival Alternatiba : lire l'article

mardi, août 6 2013

Dessins de chats et de papillons

Voici plusieurs versions autour du thème du chat et du papillon.

Je les a dessinés au crayon de couleur et au crayon à papier (pour le dessin en noir et blanc)

1) Dans mes recherches, le chat et le papillon sont dessinés depuis très longtemps, comme en Chine par exemple. Le dessin que j'ai fait en noir et blanc est inspiré d'une peinture chinoise de l'époque Song. La fourrure dessinée anime le corps et le mouvement du chat. A l'arrière-plan j'ai dessiné un paysage estompé, lointain.

2) Celui-ci est d'inspiration plus moderne, j'ai vu une vidéo de chaton qui jouait avec un papillon et cela m'a donné envie de représenter cet instant où le chaton est attentif au papillon qui se dirige vers lui.

3) Celui-ci est une version plus imaginaire, je pensais à un chat dans un jardin qui observait la danse d'un papillon. Les couleurs sont douces, j'ai fait des fleurs et des herbes floues, comme des nuages colorés. Le papillon est parfois transparent, parfois plus net, comme pour montrer qu'il échappe parfois à notre vue.

mercredi, juillet 17 2013

Dessins de fleurs

Je me retrouve souvent partagée entre le vagabondage de l'imagination et l'envie de "coller" à la réalité...

Parfois j'aime me laisser aller à l'improvisation (comme le bouquet de fleurs). Les fleurs deviennent des touches colorées. Le peintre Odilon Redon m'inspire beaucoup. Il y a dans ses oeuvres un soupçon de mystère qui enveloppe ses bouquets de fleurs, ses personnages...


D'autres fois j'aime composer des images plus posées, plus "réalistes", je suis attirée par les couleurs de la nature, leurs effets (comme les iris)

En tous cas, j'ai l'impression que je n'aurai jamais fini d'apprendre !

mercredi, mars 13 2013

Oreiller d'herbes, de Soseki

Un artiste prend quelques carnets et pinceaux, et commence un voyage de retraite dans les montagnes. Il va chercher l'inspiration et se pose des question sur la création.

C'est une sorte de roman-haïku, écrit par Soseki en 1906. 

On se laisse emporter par ce voyageur, qui nous décrit tout se qui se passe en lui, ses impressions, ses idées, comment le monde qui l'enture l'interroge et l'inspire.

"Ce qui débarrasse de tout ennui ce monde, où il est difficile de vivre, et projette sous vos yeux un monde de grâce, c'est la poésie, c'est la peinture. Ou encore, c'est la musique et la sculpture. Pour être exact, il ne s'agit pas de projeter le monde. il suffit d'y poser son regard directement, c'est là que naît la poésie et c'est là que le chant s'élève. Même si l'idée n'est pas couchée par écrit, le son du cristal résonne dans le coeur. Même si la peinture n'est pas étalée sur la toile, l'éclat des couleurs se reflète dans le regard intérieur. Il suffit de contempler le monde où l'on vit,  et de contenir, avec pureté et clarté, dans l'appareil photographique de l'esprit, le monde d'ici-bas, futile et chaotique."

Quelques haîkus du poète :

"L'ombre des fleurs

N'est-elle pas un voile

Sur l'ombre de la femme ?"

*

"Est-ce le peigne de minuit

Qui fait tomber

Les étoiles du printemps ?"

**

mardi, janvier 29 2013

Fabienne Verdier, peintre de l'instant

Ma tante m'avait fait découvrir un très beau livre lorsque j'avais 16 ou 17 ans, Passagère du Silence, de Fabienne Verdier.

Partie à 20 ans en Chine, et elle a trouvé un maître calligraphe qui lui a dit : "ça sera 10 ans d'apprentissage avec moi, sinon rien".

Depuis des années maintenant, elle vit en France.


Programme de l'émission : Vendredi 1er février 2013 à 21.30 et Dimanche 3 février 2013 à 07.45 (France 5)

Vidéo sur Fabienne Verdier 

Son site



Quand je peins un arbre, je deviens l’arbre ; quand je peins l’eau, je deviens l’eau […], et la chose naît d’elle-même, je la vis intensément avec mon cœur et elle apparaît par moments de façon abstraite, de cette manière-là. 

samedi, janvier 12 2013

Dessin pour des voeux

Voici ma petite carte pour une femme seule qui est dans ma belle-famille. Elle pense à moi chaque année pour m'envoyer un gentil mot.

J'ai eu beaucoup de plaisir à dessiner ce personnage, c'est comme une fée des Bons Voeux *

Je l'ai dessinée au crayon, et je l'ai colorée de reflets dorés, cuivrés, argentés sur papier rose.

lundi, décembre 17 2012

Flocon de neige

Fragilité et beauté de l'hiver...

Les flocons sont inspirants, même si je n'en ai pas encore vu !

mercredi, décembre 5 2012

Le Journal de H.D Thoreau

Je viens de commencer le Journal de H.D Thoreau, je le trouve intéressant car il a commencé à écrire jeune, avec des petites notes.

J'aime bien ses notes sur le quotidien, sur ses réflexions et ses observations de la nature.

Son carnet (22 octobre 1837 - 31 décembre 1840) commence par : "Glanures - ou ce que le Temps n'a pas Moissonné dans mon journal".

Le ciel
17 nov. 1837 S'il n'y a rien de neuf sur terre, il y a toujours quelque chose de neuf dans le ciel. Nous avons toujours une réserve dans le ciel. Il nous fait sans cesse contempler la page qu'il vient de tourner. Le vent imprime des caractères sur ce fond bleu, et l'homme qui est curieux peut toujours lire une vérité nouvelle."

Le paradis sur Terre
6 janv. 1838 Nous devrions contempler le cycle des saisons qui revient immanquablement, éternellement, avec la même sérénité joyeuse qu'un enfant attendant l'arrivée de l'été. Comme le printemps reprend vie depuis tant d'années divines, nous devrions sortir pour admirer et embellir à nouveau notre Eden, sans jamais nous lasser.

Givre
21 janv.1838 Ce matin, toutes les feuilles et tous les rameaux étaient recouverts d'une armure étincelante de givre, même les herbes dans les champs à découvert portaient d'innombrables pendants adamantins, qui tintinnabulaient gaiement quand le pied du promeneur les effleurait. C'était littéralement un naufrage de bijoux et une débâcle de gemmes. Comme si une des couches supérieures de la terre avait été retirée pendant la nuit, exposant à la lumière du jour un lit de cristaux immaculés. Le décor changeait à chaque pas - ou bien selon que la tête inclinait à droite ou à gauche. Il y avait l'opale, le saphir, l'émeraude, le jaspe, le béryl, la topaze et le rubis.
Telle est toujours la beauté - ni ici ni là, ni maintenant ni alors - ni à Rome ni à Athènes - mais partout où se trouve une âme capable d'admiration. Si je la cherche ailleurs parce que je ne la trouve pas chez moi, ma recherche sera vaine.

mercredi, novembre 21 2012

Temari rouge rubis et réflexion sur les formes de la nature




Plongée dans les cercles de rouges, quelques éclats de feu, comme un rubis ou des pétales rouges de roses

Aujourd'hui j'ai fait une balade d'automne, et j'ai découvert un arbre conifère roux (Taxodium distichum  http://fr.wikipedia.org/wiki/Taxodium_distichum, ou "Cyprès Chauve" car il perd ses feuilles), près d'un plan d'eau. Il possédait de nombreux fruits, des boules de 2 cm de diamètre environ. J'ai cueilli un fruit, et son motif d'écailles formait des croisillons. La taille du fruit m'a fait penser à celle de ce temari. Le temari comme la nature utilise des formes géométriques bien organisées. Je pense qu'il serait possible de créer un temari qui imite les écailles de conifères...


(source http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Taxodium_distichum_drawing.png)
Le fruit que j'ai trouvé était brun et organisé comme la boule de droite.
Les fines aiguilles font penser à un plumage végétal...





samedi, octobre 27 2012

Site sur les mandalas

Une belle découverte, voici un site d'une artiste qui travaille avec des éléments de la nature pour faire des mandalas,

Un peu de couleur et d'harmonie qui font du bien !

http://www.danmala.com/gallery

mardi, août 21 2012

Souvenir de Casse-Noisette

Les femmes-flocon, les femmes-fleur...un peu d'enchantement inspirant

Valse des flocons de neige http://youtu.be/sseXPZ0WyTY

Valse des fleurs http://youtu.be/7FjXjEKpjCw

vendredi, avril 13 2012

Un pas après l'autre...

L'autre jour je découvre par hasard une émission de radio qui parle de randonnée.

Les souvenirs reviennent à ma mémoire. Je me souviens des ballades en montagne. Voir les paysages, prendre de la hauteur, sentir l'air frais...avancer, progresser sur le chemin.

Cet invité raconte qu'il emporte avec lui un instrument de musique. Je découvre cet instrument...et c'est le coup de coeur !

Un pas après l'autre, une idée après l'autre...

Voici donc que je commande assez rapidement mon instrument de musique et des chaussures de randonnée.

Pour l'instant je n'ai pas eu l'occasion de tester mes belles chaussures, mais ça ne saurait tarder...

En attendant j'ai fait une belle promenade de 12km avec des chaussures plus usées...! Je commence à m'évader de la ville...

En ce qui concerne l'instrument de musique, la Kalimba (ou sanza...) la prise en main est facile et intuitive.

Cet instrument africain est fait pour les conteurs, les gens qui jouent seuls dans leur hutte, ou bien en petit groupe. Il a parfois même un rôle d'apaisement.

Quand on touche les lames en métal, elles produisent un son et un petit son qui vibre. La vibration se propage dans la caisse de résonance. Le modèle que j'ai choisi est une noix de coco.

J'ai emporté tout récemment cet instrument dans mon sac à dos, j'ai joué de l'instrument sur la plage, c'était magique !

Voici deux liens pour écouter l'instrument : celui-ci et celui-là

Le printemps offre le temps des transformations !

mardi, février 21 2012

Noël en retard et petits pliages

J'ai senti Noël en retard ! J'ai créé mon petit sapin, en carton, avec une belle peinture verte et un socle recouvert de papier cadeau. Il prendra peu de place. Quelques jours plus tard après cette création, j'ai retrouvé une personne précieuse, qui m'avait manquée depuis longtemps. Il ne manquait plus que ce "cadeau de vie" pour coïncider avec le sapin de Noël...



Les arts du papiers et origamis m'intéressent beaucoup et j'ai eu envie de m'y essayer, comme un jeu

J'ai récupéré des papiers cadeaux en kraft, ajouté des perles... Je tatônne.






 Parfois à l'intérieur des enveloppes de courriers reçus, il y a des motifs ! (carreaux, vagues, couleurs...).
Je suis contente d'avoir réalisé ma première grue en origami :)




mercredi, février 1 2012

Enluminure en cours

Ce modèle prend beaucoup de temps, et j'ai eu du mal ces temps-ci à me poser pour peindre... Je vous en livre un bout en attendant...

C'est d'après un modèle qui illustre Christine de Pisan en train d'écrire, son petit chien est à ses côtés. Ce qui est nouveau pour moi c'est de faire une scène avec des éléments d'architecture et donner un effet de profondeur.

jeudi, décembre 8 2011

Dessins

J'ai repris mes derniers croquis de mon séjour bien trop court près de la mer... Ce souvenir de sirène et de parc d'automne...J'ai besoin de couleurs douces, j'efface, je recommence, par petites touches, avec Photoshop*

mercredi, novembre 2 2011

Les rythmes de la vie (dessin)

Suite à mon précédent billet (poème), voici le croquis d'une statue de la Vierge que j'ai réalisé.

L'église est l'endroit idéal pour apprécier le silence et ne pas être dérangée.

Certains détails me donnent de l'inspiration pour les enluminures.


Les rythmes de la vie

Je reprends une ancienne habitude qui est de sortir aller faire quelques croquis en extérieur.

ça me permet de me concentrer sur un détail d'architecture, un élément pour ne plus penser à rien.

Voici un beau poème que j'ai trouvé dans une église. Je rajouterai mon croquis dans un prochain billet.



Les rythmes de la vie


Je suis la goutte d'eau

Qui joue au diamant

Dans la feuille de capucine.


Je suis goutte d'eau

Qui roule sur le visage d'un enfant,

Larme ou pluie, qui le saura ?


Je suis goutte d'eau

Qui ne mouille pas l'oiseau,

Car ses ailes sont imperméables.


Je suis la goutte d'eau

Celle qui fait déborder le vase,

Quand la colère gronde.


Je suis la goutte d'eau

Qui offre l'arc-en-ciel,

Quand le soleil, revient après la pluie.

mercredi, octobre 19 2011

Dessins

Petite improvisation à la gouache dorée et tons orangés/rosés,

Belle dame aux cheveux d'or, parée de fleurs délicates, couronne auréole et ailes dentelles

La beauté de la lumière or


Douce convalescence, je fais chanter les touches de pinceaux

la Joie de la couleur Verte, j'aime ce Vert à cet instant

Du vert Nature, Vert guérir, Vert mystère

Apaisement joyeux

mardi, août 30 2011

Matisse et l'Océanie

Je lis un superbe livre trouvé à la Bibliothèque, Matisse et l'Océanie, qui me fait voyager ! A travers ses photographies et ses quelques croquis, puis les lettres qu'il écrivait à ses amis, on peut découvrir comment Tahiti et ses coutumes locales ont nourri sa créativité des années après ce voyage.
J'ai découvert qu'il aimait beaucoup s'entourer de tissus et d'objets rapportés de ses voyages. Ses gouaches découpées et collées sur un fond uni ressemblent à des Tifaifai , des motifs de végétaux découpés et cousus comme des quilts.

Oceanie la mer 1946Matisse, Océanie la mer, 1946

Tifaifai Uru Drap de lit avec la technique tifaifai

Matisse et l'Océanie : le voyage à Tahiti [catalogue de l'exposition, Musée Matisse, Le Cateau Cambrésis, 28 mars-28 juin 1998] / sous la dir. de Dominique Szymusiak. - Le Cateau Cambrésis : Musée Matisse, 1998. - 224 p. : ill. ; 25 cm.

Pendant les onze semaines qu'il passe à Tahiti (avril - juin 1930), Matisse travaille peu ; c'est longtemps après son retour que la charge des sensations et des images amassées alors exerce une influence déterminante, tant sur les thèmes abordés que sur les méthodes d'expression.

Pour présenter cette curieuse alchimie, et étayer son analyse, John Klein ne s'est pas contenté des sources classiques (Aragon, Girard, Tériade, Schneider, …). Il est remonté, dans la mesure du possible (60 ans plus tard !), aux commentaires et souvenirs d'un témoin direct : Pauline Aitamai, épouse Schyle 1, qui avait servi d'intercesseur entre le peintre et le monde tahitien. Après son retour, Matisse n'avait jamais cessé de correspondre avec Pauline.

Ce nouvel éclairage porté sur le séjour tahitien de Matisse est précieux pour mieux saisir une relation complexe, et pour lever certains malentendus. Non, Matisse — l'artiste — ne s'est pas ennuyé à Tahiti : « Souvent, souvent, je me transporte dans votre beau pays et je me figure y vivre encore » 2.

Evoquant en conclusion le travail réalisé par Matisse pour la chapelle du Rosaire à Vence, John Klein parle d'échange culturel entre les traditions polynésienne et occidentale, « dans une relation réciproque à la fois imprévue, ironique et transcendante » ; on ne saurait mieux qualifier l'impact à retardement d'un séjour touristique de onze semaines.  


  1. Pauline avait été la première femme de Marc Chadourne (l'auteur de « Vasco ») qui, rentré en France, avait aidé Matisse dans la préparation de son voyage.
  2. Dans une lettre à Pauline Schyle (1931).

Matisse et l’Âge d’or retrouvé

Du périple océanien au voyage imaginaire

Le Journal des Arts - n° 55 - 27 février 1998

Contrairement aux séjours de Matisse en Bretagne, en Corse, dans le sud de la France ou au Maroc – qui s’accompagnent de nets changements thématiques et stylistiques –, le périple océanien de 1930 semble longtemps sans conséquences majeures sur l’art du peintre. En fait, l’aventure tahitienne ne livrera ses fruits qu’une fois effectué le travail de la mémoire. S’ouvre alors une période de recherches actives et novatrices, où Matisse découvre un nouveau langage pour exprimer l’idée du bonheur.

Été 1946 : les murs beiges de l’appartement parisien de Matisse se couvrent progressivement de silhouettes découpées dans du papier blanc. Des hirondelles de mer, des poissons volants, des algues et des coraux forment bientôt deux vastes compositions rectangulaires que l’artiste entoure d’une bordure complète et qu’il nomme plus tard Océanie le ciel, Océanie la mer. Au photographe Brassaï, à qui il montre ces panneaux, il déclare : “Les souvenirs de mon voyage à Tahiti ne me sont revenus que maintenant, quinze ans après, sous forme d’images obsédantes : madrépores, coraux, poissons, oiseaux, méduses, éponges… Il est curieux, n’est-ce pas, que tous ces enchantements du ciel et de la mer ne m’aient guère incité tout de suite… Je suis revenu des îles les mains absolument vides…”

En fait, Matisse déforme un peu la vérité. Durant son séjour, au printemps 1930, il a pris quelques photographies, dessiné une série de vues depuis la fenêtre de sa chambre, croqué les habitants des îles Tuamotu, crayonné plusieurs paysages et peint une “pochade”.

L’Éden infernal
Cependant, il s’avoue déçu par son voyage. Si le 30 mars, à son arrivée à Papeete, il s’écrie “je trouve tout merveilleux – paysages, arbres, fleurs et gens…”, il déchante vite : “J’ai essayé de travailler, mais ça ne marche pas. Le pays ne me dit rien picturalement”. Paradoxalement, l’Éden tahitien n’inspire pas le peintre du bonheur.

Sur le moment, New York et l’Amérique – qu’il traverse pour prendre le bateau vers la Polynésie – le séduisent bien davantage. La lumière pure, “de cristal”, et la “grandeur de l’espace et de l’ordre” répondent mieux à son attente que la perfection primitive et les splendeurs naturelles océaniennes, chères à Gauguin. À Tahiti, dès “six heures du matin, il fait beau, trop beau, férocement beau, déplore Matisse. C’est comme si la lumière s’immobilisait pour toujours”. L’endroit lui semble étriqué. “La nature est somptueuse, mais pas exaltante. Une somptuosité d’appartement”.

Il constate que dans ce paradis incarné, les Européens s’ennuient. “L’Île de la paresse inconsciente et du plaisir (…) fait perdre la mémoire”. Les ressorts de l’art matissien s’en trouvent annihilés : toute transfiguration de la réalité devient inutile et impossible à celui qui ne veut représenter “que ce qui ne se voit pas”.

L’Âge d’or retrouvé
Les occurrences de Tahiti dans l’œuvre de Matisse restent d’abord anecdotiques. Selon Pierre Schneider, spécialiste de l’artiste, “des toiles telles que Le jardin d’hiver (1937-1938) ou La branche de magnolia (1934) “simulent” le paradis océanien, comme celles où figuraient odalisques et moucharabiehs simulaient naguère le paradis marocain”. De même, les Fenêtre Tahiti I et II (1935) restent fort proches des dessins “factuels” réalisés sur place.

Matisse n’exploitera véritablement ses souvenirs qu’à partir des années quarante, notamment à travers la technique des gouaches découpées – qu’il développe dès 1942 dans son ouvrage Jazz – et ses décors architecturaux, comme dans la chapelle de Vence. La dilatation décorative de l’espace et la merveilleuse apesanteur des éléments, visibles dans ces œuvres, traduisent des sensations éprouvées en Polynésie. La confusion ciel-mer – déjà perceptible dans ses lettres de Tahiti – et la beauté d’une lumière “comparable à celle que donne l’intérieur d’une coupe en or, quand l’œil s’y plonge”, apparaissent alors à Matisse comme la nouvelle expression, plus abstraite, de l’Âge d’or. Aux figures idéalisées, surhumaines, de La joie de vivre et de La danse, à la riche sensualité des odalisques, succède une vision non humaine, décantée, du mythe du bonheur.

Jérosme Nathalie

À LIRE
Matisse et l’Océanie, catalogue de l’exposition, textes de Henri Matisse, John Klein, Rémi Labrusse, Dominique Szymusiak, 1998, 200 F.
Pierre Schneider, Matisse, éd. Flammarion, 1992, 752 p., 595 F.
Épuisé mais consultable en bibliothèque : Les Cahiers Henri Matisse, Matisse et Tahiti, textes de Henri Matisse, Xavier Girard, Pierre Schneider, éd. Musée Matisse de Nice, 1986