Médite sur la fleur divine du lotus,
Cette image du monde,
Sur la fleur au cœur blanc, perçant comme Vénus
La surface de l’onde.

Elle étale sa fleur et son calice pur
Sur les eaux d’un grand fleuve.
Et s’ouvre tous les jours aux baisers de l’azur,
Qui de clarté l’abreuve ;

Les étoiles du ciel, et la lune qui luit,
Pâle à travers les palmes,
Répandent sur son cœur, lorsque descend la nuit,
L’air des régions calmes ;

Et tranquille elle dort sur l’abîme béant,
Ignorante des causes
Qui, pour l’y replonger, l’avaient prise au néant,
Où rentrent toutes choses.


Jean LahorL’Illusion

(image : Martin pêcheur avec fleur de Lotus, Ohara Koson)