Cette valise comme certains objets que l'on peut avoir près de soi, portent des souvenirs. J'ai eu d'autres objets comme ça, mais je n'ai jamais trop hésité à m'en séparer. Je connais certaines personnes qui gardent beaucoup de choses du passé, comme un empilement de vieilles peaux. Pour se raccrocher au passé, pour ne pas oublier. Cette valise c'est mon bien et mon mal.

Je voyageais toutes les semaines. Un jour je suis montée dans le train. J'ai déposé ma valise à quelques mètres de moi. J'ai dit au revoir et la porte s'est fermée. Je me suis retournée et la valise avait disparu !

J'ai passé 3 heures, à chercher désespérément ma valise dans le train. Le contrôleur n'a pas été d'une grande aide. J'étais très en colère et je pleurais en même temps, comme quelque chose d'injuste. Les gens avaient un regard indifférent ou de la pitié. A l'arrivée, j'ai attendu que tout le monde parte. Pas de valise. Les SDF allaient venir fouiller et prendre affaires. Je me sentais vide, juste avec un petit sac. J'avais mis mes projets dedans aussi. Tout ce temps investi, envolé. J'ai dû recommencer mon travail et m'acheter des habits neufs.

Quelques temps plus tard ma valise a été retrouvée. Elle est revenue. Je l'ai ouverte. Mes affaires avaient été remuées. Des vêtements avaient disparu. ça faisait drôle de se dire que quelqu'un avait fouillé dedans. J'aurais presque voulu ne pas la revoir.

Je suis contente que cette valise parte ce soir, c'est un bout d'histoire. Depuis, beaucoup de choses se sont passées. Il y a cet instant où la souffrance devient attendrissante, mais elle n'a plus lieu d'exister. Il y a ces instants où on est prêt à lâcher ce qui ne va plus. Pour ressentir ce vide, et laisser le nouveau arriver.

22/04/2009