Le printemps, oui, vous voulez que je vous dise ce qu'est le printemps, le grand Printemps?... Quand vous pensez que le Royaume de Dieu viendra, que l'Âge d'Or viendra et que tous les hommes s'aimeront, c'est cela le printemps. Pensez que le Royaume de Dieu viendra et vous sentirez que quelque chose en vous est déjà en train de changer. La majorité des gens s'arrêtent sur l'état actuel des choses et comme ils ne voient partout que la désolation, ils sont contaminés, et les voilà tristes, malheureux, désespérés. Pensez au printemps et vous ne serez plus dans le même état.

Alors, vous voyez, chaque année je vous parle du printemps qui approche, du printemps qui va venir, et vous ne savez pas pourquoi je le fais. C'est parce que je pense à ce grand Printemps, le Royaume de Dieu... Les malheurs, les souffrances, les guerres, tout cela, c'est passager. Les humains se heurteront aux difficultés, ils seront déçus, ils se brûleront, ça, c'est probable... mais c'est passager. Tout est passager et les gens ne s'arrêtent que sur ce qui est passager, ils ne voient jamais ce qu'il y a au-delà, le but à atteindre. Vous direz: " Mais le printemps aussi est passager. " Oui, mais moi je parle d'un autre printemps, je parle de l'éternel Printemps... Seulement il faut aller plus haut pour le sentir et pour le vivre. Là-haut, beaucoup plus haut, il y a toujours le soleil qui brille, les fleurs qui embaument l'atmosphère, les oiseaux qui chantent, les sources qui jaillissent. Oui, mes chers frères et sœurs, il faut aller très haut pour vivre dans l'éternel Printemps.

Voilà, c'étaient seulement quelques mots pour vous dire que le printemps vient, mais pas ce printemps qui s'en va dès qu'il est arrivé. Car, vous l'avez remarqué, n'est-ce pas, l'hiver continue encore au milieu du printemps, et puis soudain il fait déjà trop chaud, c'est l'été. Alors, qu'est-ce qu'il y a eu comme printemps? A peine quelques journées et on n'a rien connu du printemps. Mais moi, c'est à un autre printemps que je pense... Oh, qu'il est beau, lui! Souhaitez-le pour le voir et le vivre un jour! Moi, je suis absolument sûr qu'il viendra. Déjà rien qu'en pensant chaque jour à ce printemps, vous verrez que vous ne serez plus dans le même état de découragement, de brouillard, de pesanteur.

Ce qui est triste, c'est que tous ceux qui sont déjà un peu âgés se mettent à penser à l'hiver. Oui, déjà à cinquante ans, soixante ans, ils trouvent que c'est l'hiver, ils stagnent. S'ils pensaient au printemps, ils prolongeraient un peu les journées ensoleillées. Mais non, ils commencent à tout abandonner et ils se préparent à mourir. J'en connais d'autres au contraire qui, lorsqu'ils arrivent à soixante ans, enfin se réveillent et commencent à travailler ; ils ont compris et ils se dépêchent. Évidemment, il ne leur reste plus beaucoup de temps, mais ils mettent les bouchées doubles. Et jusque-là? Eh bien, ils s'amusaient. Jusqu'à soixante ans, soixante-dix ans, ils se sont amusés. Comme moi, par exemple, et c'est maintenant que je commence à comprendre qu'il faut faire quelque chose. C'est un peu tard, mais ça ne fait rien... Je suis toujours obligé de vous parler de moi pour vous encourager, sinon vous ne voudriez pas m'écouter. Alors, vous êtes consolés?... n'est-ce pas, la jeunesse! Vous dites: "Oh, si le Maître dit lui aussi qu'il s'est amusé et qu'enfin maintenant il veut travailler, nous avons du temps, il y a de l'espoir pour nous. " Mais vous me connaissez ; mes mesures ne sont pas les vôtres. D'après les autres j'ai peut-être réussi à faire quelque chose, mais d'après moi, pas encore. Avec mes mesures je pense que tout ce que j'ai fait, c'est zéro. Donc, ce que je vous dis est vrai, et en même temps ce n'est pas vrai. Mais quand même, d'après moi c'est vrai, car il ne faut jamais être satisfait de son pauvre petit travail de rien du tout. Si je vous dis que j'ai l'impression de ne pas avoir encore commencé mon travail... Et pourtant, depuis que je me connais, je ne me suis pas arrêté.

Pensez au printemps, au grand Printemps qui va venir, car en pensant à lui vous travaillez pour qu'il vienne plus vite. Si des millions d'hommes pensaient à ce printemps, ils auraient compris ce qu'il faut faire pour le réaliser. Seulement, c'est triste, c'est dommage, il n'y en a pas beaucoup qui y pensent, c'est pourquoi ce printemps est un peu en retard. Mais si vous vous décidez maintenant à penser chaque jour à lui, vous verrez, tous les ravissements vous visiteront, toutes les inspirations, l'enthousiasme, l'extase. Imaginez-le très beau, avec ses couleurs, ses parfums, ses formes, ses émanations... Essayez et vous verrez... Vous n'avez rien appris aujourd'hui, c'est entendu, mais le plus important ce n'est pas d'apprendre, c'est de réaliser, de se mettre au travail. Mais c'est ce besoin de réaliser qui manque le plus aux humains ; ils aiment la nouveauté, la diversité, la variété; ils attendent toujours de nouvelles idées mais il n'appliquent jamais rien, ils nourrissent seulement leur intellect et jamais leur volonté. Tandis que ce qu'il faut faire maintenant, c'est réaliser ce que l'on sait; oui, le peu que l'on sait, il faut le réaliser. Et n'oubliez jamais que les moindres progrès que vous faites, c'est le monde entier qui les fait avec vous. Si je ne connaissais pas cette vérité, il y a longtemps que je me serais peut-être laissé aller, moi aussi. Mais en sachant que notre progrès est aussi le progrès du monde entier, que nous sommes tous liés, nous ne devons jamais nous arrêter de faire des efforts. Oui, mes chers frères et sœurs, pensez au printemps, l'éternel Printemps, concentrez-vous sur lui chaque jour et ensuite, quand vous vous regarderez dans la glace, il y aura un petit sourire qui sortira malgré vous. Et même si ce printemps doit se faire tardif, croyez-y, pensez à lui parce que vous en avez besoin, et vous verrez, votre situation s'améliorera. Même s'il ne vient pas tout de suite, il sera déjà au-dedans de vous. Même si extérieurement le printemps n'est pas encore là, cela ne fait rien, il sera en vous et c'est cela qui compte le plus.


Omraam Mikhael Aivanhov
Sèvres, le 16 février 1970
© Éditions Prosveta

Source  : Liveyourquest